Revue des marchés de avril 2024
Canada vie - May 07, 2024
Pour le mois ayant pris fin le 30 avril 2024
Introduction
Les marchés boursiers mondiaux ont terminé avril à la baisse en raison des tensions géopolitiques, de l’inflation en dents de scie et de la possibilité que les banques centrales attendent encore avant de réduire les taux d’intérêt. L’activité commerciale mondiale a été plutôt maussade ce mois-ci, notamment dans le secteur manufacturier qui continue à souffrir de la faiblesse relative de la demande.
Les secteurs de l’immobilier et de l’industrie ont entraîné l’indice composé S&P/TSX sur une pente descendante. En revanche, le secteur des matériaux a fort bien fait en avril, grâce au prix plus élevé de l’or. Les actions américaines ont chuté sur une base mensuelle pour la première fois depuis 2024. Les rendements des obligations gouvernementales à 10 ans du Canada et des États-Unis ont bien performé. Le prix du pétrole a légèrement diminué en avril. Il reste cependant supérieur à celui de 2024, alimentant ainsi les inquiétudes quant aux pressions inflationnistes.
Au Canada, le taux d’inclusion des gains en capital monte
Le gouvernement a présenté son budget 2024 en avril. Il s’attend à un déficit de 39,8 milliards $ en 2024-2025, soit moins que celui de 40,0 milliards $ de la présente année financière. Le déficit devrait reculer à 20 milliards $ en 2028-2029.
Le gouvernement fédéral entend dépenser 52,9 milliards $ de plus, dépenses que certaines hausses de taxe devraient cependant contrebalancer. La plus notable, celle dont les investisseurs et les propriétaires d’entreprises ont pris bonne note, fait passer le taux d’inclusion des gains en capital de 50 % à 66 %. Ce nouveau seuil touchera les individus plus riches, les fiducies et les entreprises. Le gouvernement a affirmé que cette mesure augmenterait ses revenus fiscaux, mais celle-ci n’a pas reçu l’aval des investisseurs. Plusieurs se sont demandé si elle ne risquait pas de faire fuir les investissements du Canada.
Le gouvernement fédéral continuera de faire en sorte que l’offre s’accroît en matière d’habitation afin que toutes les générations puissent avoir accès à des logements abordables. Le budget alloue 8,5 milliards $ supplémentaires à la construction d’habitations. Le gouvernement va aussi remettre de l’argent à l’Agence de la consommation en matière financière du Canada et au ministère des Finances pour l’élaboration d’un système bancaire ouvert. Des dépenses, certaines nouvelles d’autres non, continueront d’aller aux soins de la santé, à l’environnement, à l’intelligence artificielle et aux programmes de distribution alimentaire dans les écoles.
On croit de plus en plus que la BDC réduira les taux dès cet été
La Banque du Canada semble s’approcher de plus en plus d’un assouplissement des taux. Elle a publié le procès-verbal de sa dernière rencontre, lors de laquelle elle avait maintenu son taux à un jour à 5,00 %. Certains désaccords chez les administrateurs suggèrent que la BDC se prépare à alléger le taux d’intérêt. Ils ne s’entendent pas sur la date, mais tous croient que cet assouplissement monétaire se produira relativement bientôt, mais graduellement afin de ne pas jeter de l’huile sur le feu des pressions inflationnistes. Pour la BDC, l’inflation demeure une menace susceptible de remettre en question ses prévisions. La banque attend donc d’avoir l’assurance que l’inflation reculera bel et bien à la cible de 2 %. Bien qu’elle ait baissé pendant l’an passé, même si de manière irrégulière, d’autres données économiques signalent la nécessité de réduire les taux d’intérêt. La demande des consommateurs décroît sous le poids des conditions financières difficiles. Les ventes au détail ont reculé en janvier et en février, et Statistique Canada ne prévoit aucune amélioration en mars, ce qui signifie une croissance nulle pour le premier trimestre de 2024. Des données sous-jacentes montrent que les consommateurs canadiens privilégient les achats nécessaires et coupent dans les dépenses discrétionnaires. Pendant ce temps, le produit intérieur brut (PIB) a été plus lent en février et en mars, alimentant ainsi l’idée que la BDC réduira les taux d’intérêt sous peu. Bien que plusieurs observateurs croient que la BDC agira de concert avec la Réserve fédérale américaine (Fed), cela pourrait ne pas se faire. La BDC semble disposée à alléger les taux d’intérêt dès cet été afin de raviver la demande et de soutenir les conditions économiques.
Aux États-Unis, la croissance économique semble s’essouffler
La croissance économique des États-Unis peine sous la pression des conditions financières serrées qui entravent l’activité des consommateurs et des entreprises. Selon une estimation préliminaire du Bureau of Economic Analysis américain, le PIB du pays a gagné tout juste 1,6 % sur une base annualisée au quatrième trimestre de 2023, soit la croissance la plus faible depuis le deuxième trimestre de 2022. L’une des raisons principales en est le ralentissement marqué des exportations. La demande et l’activité commerciale mondiales relativement apathiques ont pesé sur la plus grande économie du monde au cours du trimestre. Simultanément, les consommateurs ont réduit leurs dépenses, ajoutant ainsi à l’appréhension quant à un effondrement des conditions économiques. Le consommateur américain a été l’un des piliers de l’économie du pays et de sa croissance inespérée des derniers trimestres malgré les hausses de taux considérables de la Fed. Mais la situation n’est pas totalement sombre, ce qui illustre les contradictions économiques avec lesquelles doit jongler la Fed avant de réduire les taux d’intérêt. Les investissements en immobilier ont nettement augmenté au cours du trimestre. La demande est restée forte malgré les taux hypothécaires élevés. La Fed se trouve devant un paysage économique accidenté. D’une part, la croissance, l’inflation et la demande se calment, mais le marché du travail est demeuré robuste en 2024. Tout bien considéré, la Fed pourrait vouloir maintenir les taux à leur niveau actuel quelque temps encore en attendant d’avoir la preuve que l’inflation poursuivra sa descente. L’économie américaine aura vraisemblablement des défis à relever pendant les prochains mois en raison des conditions financières serrées.
La chute du commerce révèle la fragilité de l’économie chinoise
Le déclin de l’activité commerciale mondiale a pesé sur les États-Unis, mais aussi sur la deuxième économie du monde, la Chine. Les données montrent que tant les exportations que les importations ont chuté en mars d’une année sur l’autre. Depuis quelques années, la Chine peine à avancer, freinée par une demande intérieure et extérieure anémiée qui a mis à mal des secteurs phares de son économie. En mars, les exportations ont décru pour une troisième fois en cinq mois, cette fois de 7,5 % d’une année sur l’autre. Les envois de marchandises depuis la Chine ont été plus que modestes, ce qui s’est traduit par une baisse de son secteur manufacturier crucial. À n’en pas douter, les conditions financières difficiles qui touchent le reste du monde, de même que l’activité commerciale moindre, ont nui à la croissance économique de la Chine. La demande intérieure pour des biens venus de l’extérieur n’a guère fait mieux. En mars, les importations ont reculé pour une troisième fois en cinq mois, cette fois de 1,9 % d’une année sur l’autre. L’économie chinoise semble reposer sur un sol instable. Malgré une croissance au premier trimestre de 5,3 % d’une année sur l’autre, certaines poches de faiblesse actionnent les freins. Le gouvernement chinois multiplie les mesures de relance de l’économie, ce qui a contribué à stimuler la croissance. Si l’on peut observer certains signes de stabilisation de l’économie chinoise, très souvent ils ne tiennent pas longtemps. L’économie est en voie d’atteindre cette année la cible de 5 % du gouvernement, mais il lui sera difficile de la dépasser à défaut d’une amélioration durable de la demande intérieure et extérieure. L’économie et les marchés financiers de la Chine risquent de souffrir encore de périodes de volatilité en 2024. Le gouvernement et la Banque populaire de Chine pourraient vouloir intervenir en ajoutant des stimulus susceptibles de soutenir l’économie.